Le sacré en questions. Sacralisation ou désenchantement ?

 

Colloque avec Hans Joas à l’occasion de la parution de « Les pouvoirs du sacré » (Seuil, 2020)

Initialement prévu les 19-20 mars 2020 LE COLLOQUE EST REPORTÉ

Organisation : Cevipof, Centre Sèvres, Archives Husserl et Fonds Ricœur

Présentation

Dans Les pouvoirs du sacré (all : Die Macht des Heiligen, Berlin, 2017), Hans Joas esquisse une théorie complexe du sacré. À cette fin, il combine plusieurs approches : les trois premiers chapitres offrent trois approches disciplinaires (histoire, psychologie et sociologie) dont le point de fuite commun est formé par la question de la symbolisation du sacré. La discussion serrée avec Max Weber et le récit du désenchantement constituent un deuxième axe du livre (chapitres IV et VI) ; Joas y montre d’une part les difficultés que pose le « grand récit » wébérien, trop souvent pris pour argent comptant dans la réception, en le mettant en contraste avec l’approche de Troeltsch ; il souligne d’autre part que la fortune du récit du désenchantement a partie liée avec une conception de la modernité qui comprend cette dernière comme le produit d’évolutions unilinéaires (différenciation, rationalisation, modernisation) censées expliquer les changements sociaux observés à l’époque contemporaine et pour laquelle Weber est généralement considéré comme un auteur clé.

Cette histoire du désenchantement, Joas suggère de la remplacer par une histoire des sacralisations et désacralisations, un processus qui trouve sa matrice fondatrice dans l’avènement de la transcendance durant la « période axiale » (Karl Jaspers, cf. chapitre V). Cette approche permet de reprendre à nouveaux frais la question des rapports entre le sacré et le pouvoir (chapitre VII). Il apparaît ainsi en filigrane les contours d’une théorie du sacré qui croise sociologie et psychologie, herméneutique et sciences politiques et propose de nouvelles perspectives pour comprendre la persistance du sacré dans le monde contemporain, voire son regain de vitalité.

Ces questions seront au centre du colloque organisé par les soussignés à Paris les 19 et 20 mars 2020, en lien avec le Cevipof (Sciences Po) et le Centre Sèvres, et abordées aussi en débat public le 19 au soir, au Fonds Ricœur. Les débats porteront d’une part sur les interprétations des classiques de la sociologie et des sciences des religions discutés par Joas (Durkheim, James, Weber, mais aussi Parsons et de ses élèves – Bellah et Eisenstadt), d’autre part sur les perspectives systématiques ouvertes par son œuvre.

Programme